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La haine

par Jean-Luc Herbulot pour les belles affiches (relire l'interview)


Réalisation : Mathieu Kassovitz, 1995

La haine © Mars Distribution
La critique

S'il est inutile de revenir sur le statut de chef d'œuvre intergénerationnel du film (20 ans pas une ride, merci le noir et blanc mais pas que...), il y a quelque chose qui m'a mis une torgnole monumentale sur ce film. Tout comme Trainspotting, Pulp Fiction et en particulier Fight Club, tous ces chef d'œuvres que je me tape au moins trois fois par an, La Haine a une qualité que ne possèdent que très peu de films français voire de films en général > un film à lui tout seul en arrière-plan. L'arrière-plan et le sound design dans La Haine sont d'une maestria absolue. J'ai longtemps vu le film avec un son pourri l'ayant connu en VHS d'abord puis en DVD, je n'ai jamais vraiment fait attention. En le redécouvrant j'ai encore découvert un autre film. Comme les meilleurs Spielberg (Jaws et Munich en particulier) et les meilleurs Fincher, le sound design et l'exploitation sonore des actions en arrière plan est d'une intelligence rare. Tout le monde retient la scène de la salle de bain et du miroir de Vincent Cassel mais intéressez-vous à ce qui se dit dans l'arrière-plan à ce moment-là. Le moment le plus fort dans la même idée est la scène du toit : le célèbre "Merguez Moment". Essayez de suivre le parcours du mec qui demande 2fr pour sa merguez, ça vous fait sourire hein ? regardez et vous rigolerez encore plus. écoutez le daron africain continuer à partir en vrille avec un chien qui aboie pendant que Vince pionce encore dans son pieu (hilarant), Idem pour le "bédot" ("putain le oinj !") dans la scène des flics sur le toit avec sir Philippe Nahon, la télé chez la mère d'Hubert où un mec s'exprime sur ce qu'il pense du flingue trouvé dans la cité, etc... etc... Le film est bourré de malice et d'astuces en arrière-plan (outre les célèbres tags) et ce qui fait sa richesse et sa singularité. J'avais toujours adoré Fight Club notamment la scène où Norton chope Marla par le bras alors qu'un mec en arrière-plan est lui-même dans son propre coup avec elle, ou le sound design particulièrement riche qui va vous rendre dingue si vous vous y penchez. Se7en avec le mec qui bouscule Mills pendant sa première entrevue avec Sommerset qui lui dit qu'ici tout est à apprendre. Mills l'envoie presque bouler en lui disant le contraire, alors que le spectateur vient d'assister subtilement au fait que Mills n'a aucune patience et qu'il le cache délibérément à Sommerset. Ce sont des petits détails qui différencient les metteurs en scène des réalisateurs. Je n'en dirai pas plus, je vous laisse le (re)découvrir avec un œil neuf en analysant ces fameux détails. Essayez avec une version HD propre, je vous garantis que vous allez vous amuser.