logo les belles affiches

Les belles affiches > interview > Jean-Luc Herbulot

Jean-Luc Herbulot


C'est un homme adorable et profondément affichophile qui nous accueille. Jean-Luc Herbulot vient de boucler le percutant "Dealer" avec Dan Bronchinson en toute indépendance et en un temps record dans les rues de Paris. Les charges positives s'accumulent contre lui, normal pour un mec élevé à la VHS et aux belles affiches. Du coup on a voulu en savoir plus et nous publions ses aveux tel quel.

Retrouvez Dealer dans notre dossier spécial film français 2.0 en cliquant ici

Lire l'interview de Dan Bronchinson en cliquant ici


Portrait de Jean-Luc Herbulot

Bonjour Jean-Luc et merci de nous accorder cet entretien. Dis-nous d'abord sans réfléchir quelles sont tes affiches cultes ? Alors sans hésiter Pulp Fiction avec Mia Wallace sur le lit, il y a un côté rétro qui me plaît énormément. J'aime beaucoup celle de Scarface l'originale en noir et blanc. Celle de Gremlins aussi est pas mal du tout. Qu'est-ce-que tu aimes voir sur une affiche et au contraire ce que tu n'aimes pas ? J'aime qu'elle raconte le film avec une vraie histoire et de vrais personnages, mais sans trop révéler non plus! En général j'aime les affiches "teaser", les préventives qui ne sont pas forcément retenues mais super créatives, le style Mondo Graphics un peu. C'est pour ça que j'aime énormément un mec comme Drew Struzan (Indiana Jones, Star Wars, Hellboy) qui parvient à te dessiner des personnages avec un fond et une histoire mais de manière très personnelle. A l'inverse je déteste quand elle se contente de vendre un nom avec son acteur sur fond blanc et sa typo rouge. Du genre les affiches de comédies françaises avec deux pélos dos à dos, des gros noms de comédiens au cas où le chalan serait myope et un bon titre rouge au cas où il serait Daltonien (le vert c'est positif) et possiblement con. Pourtant c'est souvent grâce à cet acteur que le film réussit sa sortie... Oui comme ça les distributeurs récupèrent leur argent tout de suite, tout le monde est content et le reste ils s'en moquent. Mais bon au final tu as une affiche pourrie qui reste, elle, pendant des années !(rires) Les affiches de Dealer © Julien Lemoine - Agence Rysk Tu apprécies quel genre de cinéma ? Celui du personnage ! J'aime les histoires simples mais avec des personnages complexes, les destins croisés à la Trainspotting, Pulp Fiction, Amours chiennes, ou Magnolia. Ces films n'ont pas forcément une histoire ou des thématiques complexes mais la galerie de personnage est superbe, ça rend le film intéressant. Aujourd'hui j'ai l'impression qu'on fait plus de films compliqués mais dont les personnages sont des débiles mentaux (rires) ce qui est différent en série où pour le coup tu as souvent une intrigue très simple avec des personnages de plus en plus complexes. Décris-nous ta ou tes plus belles rencontres cinéma. Alors... je dirai James Gray (Little Odessa, The Yards, The Immigrant). J'étais aux Etats-Unis chez Plan B la boîte de production de Brad Pitt. Son producteur, un type super jeune, Jeremy Kleiner qui a produit 12 Years a Slave et World War Z, m'a dit : " Ah tu aimes James Gray ? Attends il est là je vais le chercher ! " Du coup j'ai discuté pendant une heure avec lui c'était énorme! Un déjeuner avec William Wisher aussi (co-scénariste de James Cameron sur Terminator 2 et Aliens, NDLR) qui m'a refilé deux ou trois idées pour écrire vite et bien à deux, ce qui m'a servi sur Dealer... Et puis il y a aussi Walter Parkes, un ancien de chez Dreamworks qui a produit Men in Black, Gladiator, Minority Report... Un type qui a produit des succès énormes, mais simple et aussi enjoué et motivé qu'un gosse dès qu'il te « pitche » une idée. Revenons à Dealer. Dan Bronchinson nous a dit que le tournage s'est déroulé rapidement. Combien de temps exactement ? Juste le tournage ? Douze jours. La série d'affiches est très belle. Comment as-tu abordé le graphiste ? Etant moi-même graphiste à la base, j'ai commencé à travailler dessus. Ensuite Alexis Perrin notre responsable de communication a contacté un de ses amis, Julien Lemoine qui bosse à Rysk (voir interview). Il a repris ma version de la silhouette sur fond rouge et rajouté Paris en surimpression, avec la tour Eiffel. Il a aussi proposé une version que j'adore avec le profil et les éléments qui éclatent autour de la tête de Dan, pour bien souligner la galère que traverse le personnage. C'est ma préférée. C'est qui l'acteur avec qui tu rêves de travailler ? Al Pacino forcément ! Le meilleur. Et l'actrice ? Sigourney Weaver. Ton réalisateur-totem ? Un seul ? Mon père, celui qui m'a réalisé moi !(rires) Le dernier film que tu as vu au cinéma ? Sicario. Une bombe atomique, un diamant noir. Tu as déjà vu un film grâce à son affiche, ou jaquette VHS ? Alors oui, mais surtout des films asiatiques. Il faut parfois voir le film d'abord pour comprendre la jaquette (rires)! Par contre il y a aussi des films que j'ai mis du temps à voir à cause de leur affiche pourrie. Par exemple « Tropa de Elite » (José Padilha, 2007), que j'ai mis deux ans à voir tellement la jaquette ne m'inspirait pas. Du coup j'ai maudit l'enfoiré qui a fait l'affiche !(rires) Après Dealer, quels sont tes projets ? Alors je travaille en ce moment sur Döner, mon second long métrage qui est en financement, Dealer 2 et 3 par la suite, qu'on écrit en ce moment même avec Samy Baaroun mon co-scénariste. Entre tout ça il y a un film américain (The Bends) en prépa pour un tournage printemps d'année prochaine, des épisodes pour la saison 4 de Falco sur TF1 en post production et une mini-série secrète en préparation qui se tourne début d'année prochaine. Donc beaucoup de choses. Une trilogie pour Dealer carrément ? Oui mais dès le début on voulait en faire une. Après on suivra d'autres pistes et les personnages vont changer puisqu'on sera avec des gitans ! Mais l'univers restera le même.


Retrouvez Dealer sur Vimeo On Demand ici : dealermovie