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Les 8 salopards

Quentin Tarantino, 2016

Lire la critique de Jean-Luc Herbulot


Affiche The Hateful Height et Il était une fois dans l'ouest © Weinstein Cie © Paramount Pictures
On a la haine

Le pitch Quentin est un cinéphage boulimique passionné et ça se voit jusque dans ses affiches. La dernière en date avec son trombinoscope de stars second rôle et ses cowboys nous tournant le dos rappelle celle de l'inoubliable Il était une fois dans l'Ouest de l'immense Sergio Leone (1968), un film que Tarantino emmènera dans sa tombe. Comme Sergio Quentin filme en Panavision, soigne son casting et colle des pardessus à ses personnages. Même la typo du titre est la même ou presque. 47ans d'écart entre les deux westerns mais le même amour de la belle affiche, trop même. La nostalgie Tarantino Tous ses films sont des hommages. Le dernier avec ses 8 pleins de haine ont digéré Carpenter, Leone et John Ford avec sa Chevauchée Fantastique de 1939. C'est connu le réa' de Pulp Fiction a bouffé de la pellicule quand il était petit : Shaw Brothers, westerns, série TV... sans oublier les kilomètres de BD engloutis dans l'arrière boutique des bouquinistes, ou derrière son guichet de cinéma porno. A titre d'exemple pour son Django Unchained Quentin reprenait le titre de plusieurs vénérables spaghettis. Le plus célèbre étant peut-être le « Django » signé Sergio Corbucci avec Franco Nero (1966). Franco Nero que Quentin rappelait pour un petit rôle-souvenir aux côtés de Jamie Foxx et Christoph Waltz, mais c'est une habitude chez Quentin que de rappeler les vieilles gloires l'ayant fait rêver étant gosse. Dans Hateful Eight ce sera Bruce Dern. Citons également « Viva Django » avec Terence Hill (Trinita, prépare ton cercueil, 1968) ou encore « Bravo Django » de Leon Klimovsky (1966). Normal que ses posters soient le reflets de ses influences. La belle technique En 40ans les techniques de conception d'affiches ont bien changé. Chez Sergio dans les années 60 on bricolait à la main avec du collage chez l'imprimeur qui transformait le tout en version imprimable grâce à un scanner à tambour. Le texte quant à lui était rendu imprimable grâce à la typographie, la photocomposition ou même grâce au scanner. Les couleurs étaient séparées en quatre couches distinctes, les composantes primaires bien connues en PAO : la quadrichromie. Chacune des quatre sélections était ensuite « tramée » afin de respecter les zones sensibles types dégradés ou ombrages. Les éléments tramés sont ensuite copiés sur des plaques d'impression et imprimés un par un grâce aux encres primaires : cyan, magenta, jaune et noir. Ce sont des appareils photos qui réalisaient la photogravure des éléments d'où l'aspect artisanal, vintage. En 2015 dans l'atelier de Quentin on utilise Photoshop et les technologies numériques : effets de calques, filtres, textures... puis le Flasheur prend le relai, récupère le fichier HD du graphiste pour lancer lancer la prod. Le point commun des deux techniques c'est le mode couleur CMJN ; les quatre couleurs primaires. La belle touche artistique Des deux côtés on aime les plans larges typiques des westerns et les stars en médaillon pour classer le casting. Gros titre accrocheur, billing block en embuscade, flingues pointés vers le haut et gueules cassées en panneau de bienvenue. On apprécie particulièrement les textures sable-neige et le flou qui salissent l'image pour mieux lui donner de la profondeur.


Inglorious Basterds vs. The Inglorious Bastards vs. Arlette Gruss

Affiche Les 8 salopards © Weinstein Cie Encore du spaghetti sauce Tarantino. « The Inglorious Bastards » est avant tout une production franco-italienne de 1978 réalisée par Enzo Castellari (Les guerriers du Bronx, 1982, relire dossier ici), avec Bo Svenson, autre grande gloire du cinéma bis que Tarantino rappelle pour Kill Bill vol.II et... Inglorious Basterds en 2009. On retrouve aussi la star de la Blaxploitation Fred Williamson, engagé par Robert Rodriguez et... Quentin Tarantino dans Une nuit en enfer. Voilà pour nos deux copains. Puisqu'on est dans le grand n'importe quoi, les plus observateurs d'entre vous auront remarquer à quel point le graphiste du cirque Arlette Gruss a louché sur le visuel des bâtards inglorieux version 2009. Bande rouge façon maillot Ajax d'Amsterdam, grosse composition de plain-pied, reflets, ombres portées, slogans, casting et fond blanc uniforme. Après tout, aller au cirque c'est un peu comme aller au cinéma.