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Le top 10 du cinéma russe

Un grand merci au "kamarad" Andrey Schuchard



Comme le dit Anton Ego à la fin de Ratatouille : "Un vrai talent peut surgir de n’importe où". Que vous veniez du fin fond du Caucase, d'extrême Orient ou d'ex-URSS, vous pouvez devenir un grand réalisateur, un écrivain génial, un immense athlète ou un compositeur de légende. La Russie l’a prouvée : mystérieux, surréalistes, sombres, virils, poétiques, ses metteurs en scène sont parmi les meilleurs du monde. D’ailleurs, Hollywood adore exploiter l’image brute des mafieux post-soviétique, les abdos en ciment de ses boxeurs ou la précision de ses soldats au sang froid comme le lac Baïkal. Pour le pire (souvent) et le meilleur (de temps à autre). A l’heure où les médias s’acharnent sur le charismatique Poutine et sa paire de burnes en béton ciré, l’heure est venue de dresser le bilan des dix meilleurs films russes des années 50 à aujourd’hui et de prouver que quel que soit le régime en place, le talent n’attend point le nombre des années. Sortez la bouteille de Kvas et la boîte de Sveruga Royal, c'est parti pour le top 10 du cinéma russe : DAVAÏ TOVARISCH !


Quand passent les cigognes

Quand Passent les Cigognes (Летят журавли)

Réalisation : Mikhail Kalatozov - 1957

Pourquoi on aime ?

Parce que c'est la plus belle histoire d'amour de l'Histoire doublé d'un sublime pamphlet anti-guerre que seul le romantisme russe peut filmer. Malgré le noir et blanc qui donne cet aspect "art et essai" pour médiathèque gauche-caviar, on reste captivé par la modernité de la mise en scène et la beauté atemporelle de Tatyana Samojlova. Le film culte de Coppola et Scorsese, tout est dit. On plussoie Les travelling et les cadrages au cordeau. Sept ans plus tard, Mikhail récidive avec "Soy Cuba" (amitié Brejnev-Castro oblige !) et des plans séquences à faire rougir Brian De Palma.

Andrei Roublev

Andreï Roublev (Андрей Рублëв)

Réalisation : Andreï Tarkovskiy - 1966

Pourquoi on aime ?

Parce que s'il ne devait en rester qu'un ce serait Tarkovskiy. Le "highlander soviétique" dont la vie à elle seule est un film. Mais Andreï n'est pas juste l'idole des bobos moustachus, c'est aussi un colossal réalisateur qui touchera à tous les genres avec la même réussite, profond, visionnaire et dramatique comme la musique qu'il aimait tant. Bordel que c'est beau ! On plussoie Plans de grue, perspectives démesurées, longs travelling, montage "cut", et tout ça pour filmer les invasions Tatars du 15ème siècle en Russie.

Un miracle ordinaire

Un miracle Ordinaire (Обыкновенное Чудо)

Réalisation : Mark Zakharov - 1979

Pourquoi on aime ?

Le mélange des genres. Attention hein ! Pas celui des Wachowski mais bel et bien celui du génie de Zakharov : comédie, romantisme, drame, surréalisme et fantastique. Assez proche du Magicien d'Oz ou d'un Jean Cocteau, Mark parvient à mixer théâtre et cinéma dans une fable magique, avec cet amour impossible pris au piège entre rêve et réalité. Un poète quoi... On plussoie Le charme désuet opère toujours, en partie grâce à la belle Irina Kupchenko et la fluidité de la caméra.

Runaway Train

Runaway Train (Поезд-беглец)

Réalisation : Andreï Konchalovski - 1985

Pourquoi on aime ?

Parce que l'ami "Koncha" n'est pas juste un expatrié à Hollywood. C'est surtout un grand polyvalent : scénariste de Tarkovskiy, excellent pianiste et vainqueur en 2014 du Best Director Award à Venise pour Les nuits blanches du facteur, tourné à Moscou. Son "Runaway Train" ressemble à la Sibérie, c'est pourtant en plein Montana qu'Andreï plante sa caméra virile pour filmer avec des muscles Jon Voight et Eric Roberts dans un train de fret à la dérive par -10°. Couillu. On plussoie Comme dans Tango & Cash quatre ans plus tard, les années 80 nous ont donné les plus belles séries B du monde.

Coeur de chien

Cœur de Chien (Собачье Сердце)

Réalisation : Vladimir Bortko - 1988

Pourquoi on aime ?

Parce qu'entre Freaks et Elephant Man, les russes inventent un nouveau concept : greffer l'hypophyse d'un homme dans la cervelle d'un chien et soumettre le résultat à la communauté scientifique, ébahie devant tant de génie. Critique du système soviétique de son époque, on peut voir ce chef d'oeuvre comme une vision pessismiste des futures expériences scientifiques actuelles comme le clonage humain ou l'eugénisme (relire dossier). On plussoie La version Blu-Ray enfin sous-titrée ! La photo sepia et couleur délavée du chef op' Yuriy Shaygardanov.

Luna Park

Luna Park (Луна-парк)

Réalisation : Pavel Loungine - 1992

Pourquoi on aime ?

Parce qu'entre l'ère communiste et l'ère Poutine, le peuple russe a le cul entre deux chaises : perte des symboles, perte de fierté, déclin socio-politique, il est donc facile de s'en prendre aux étrangers et aux juifs pour expliquer son malheur. Le film est cru, rigide et d'apparence peu sympathique. Mais comme le vieil ours de l'Oural, le camarade Pavel sait se montrer généreux pour délivrer une vraie leçon d'humanisme. On plussoie Prendre un parc d'attractions comme QG d'une bande de skins. Tellement gonglé qu'en 2006, Pavel remportera 14 prix en Russie pour l'île et une nomination à Sundance.

Les silencieuses

Les silencieuses (Страна Глухих)

Réalisation : Valeriy Todorovskiy - 1998

Pourquoi on aime ?

Parce que le film reflète parfaitement la période post-soviétique avec des personnages sourds muets comme métaphore. La Russie moderne se cherche une identité quelque part entre Europe et Asie, d'où le terme "Eurasie", qui n'est donc pas seuleument un supermarché identitaire. On suit l'histoire de cette femme devenue strip-teaseuse pour éponger les dettes de jeu de son mari. Un message homo-féministe façon Almodóvar ? Oui mais avec moins de couleurs et une remarquable interprétation féminine moderne du duo Khamatova-Korzun. On plussoie Les messages socio-féministes dans une Russie en plein questionnement de soi, juste avant l'arrivée d'un certain Vladimir Poutine au Kremlin.

Le retour

Le Retour (Возвращение)

Réalisation : Andreï Zviagintzev - 2000

Pourquoi on aime ?

Parce qu'en Russie on peut faire beaucoup avec peu : une paire de gamins, quelques photos et une BO froide comme un hiver à Novisibirsk, ville natale de Zviagintzev. Au final, le nordiste à lunettes fait le plein de récompenses dans les festivals du monde, Est et Ouest confondus avec son histoire de père absent qui revient pour une quête mystique avec son fils. Beau et triste à pleurer. On plussoie La barque qui file tranquillement sur les eaux du nord de la Russie. Chez ces gens-là monsieur, on ne bronze pas : on chiale en silence.

Brother 1 et 2

Brother 1 & 2 (Брат & Брат-2)

Réalisation : Aleksey Balabanov - 1997/2000

Pourquoi on aime ?

Parce que si vous arrivez à prononcer le nom de la ville natale du réalisateur, la Douma vous filera une médaille : Sverdlovsk, voilà. Bon, sinon Brother et sa suite Brother 2 sont parmi les meilleurs films de gangsters au monde (aaaah la mafia russe !), à ranger à côté du Parrain et des Affranchis. Réalistes, sombres et crus comme un bol d'Okrochka certes, mais aussi bons qu'un roman de John Le Carré et surtout plus efficaces qu'un film d'Eric Rochant. On plussoie La "star" disparue trop tôt dans les montagnes d'Ossétie suite à une avalanche : Sergeï Bodrov Jr., 30 ans à peine.

Mongol

Mongol (монгол)

Réalisation : Sergeï Bodrov - 2007

Pourquoi on aime ?

Parce que dans le kraï de Khabarovsk, on fait du cinéma. Eh oui, Sergeï Bodrov senior est le père de Sergeï Bodrov Jr. Le cinéma est donc une histoire de famille. Comme celle de la tribu de Temudjin "Gengis" Khan, le conquérant aux yeux bridés venu de loin pour s'emparer de la moitié du globe au 13éme siècle. Beau film de guerre et déclaration d'amour aux steppes mongoles dont la beauté laisse perplexe. Mais aussi rare tentative d'adaptation sur grand écran de la vie du guerrier Mogol. On plussoie Avec Le prisonnier du Caucase et Mongol, papa Bodrov est LE réalisateur russe des grands espaces. En France on l'appelle Jean-Jacques Annaud.