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Atomic Ed: back to the 80's

Pour soutenir le film rendez-vous ici : ulule.com/atomic-ed Relire notre dossier spécial années 80 ici


Le pitch

On le dit souvent aux belles affiches, mais le film « de genre » à la française existe bel et bien malgré le snobisme des studios traditionnels. Il s’impose avec du système D, du "Crowdfunding" et la ferme volonté de ses créateurs, souvent élevés à l’arrière des vidéos clubs crasseux de leur enfance. Dans notre précédent article-hommage aux années 80 (relire ici) on découvrait les talents des canadiens Roadkill Superstar et Ghostpuncher, des texans de Party Night mais aussi des suédois de Kung Fury et les frenchies Mathieu Berthon, Kavinsky et Laurent Melki. Tout ça pour dire que l’attachement aux films d’horreur des années 80 n’est pas qu’une vague utopie, mais réellement mondial. Un nouvel arrivant sur la planète « bis » débarque avec un projet nommé Atomic Ed. Nicolas Hugon. Son personnage est l’ado qu’on a tous été : un bricoleur/geek marié avec sa console de jeu mais que la plus belle meuf du village fait fantasmer sans espoir. Le teaser sent bon John Carpenter et Enzo Castellari. L’affiche donne envie de se taper la VHS sans rien connaître. La fille donne envie tout court. Alors derrière tant d’amour se cachent forcément des gens bien. Rencontre et explication avec le réalisateur certes, mais aussi Mathieu Lesueur, producteur du film qui nous livre quelques infos bienvenues sur le fameux "financement participatif".

Le réalisateur et son producteur


Nicolas Hugon (réalisateur)

Nicolas Hugon

Bonjour Nicolas, alors raconte-nous un peu l’histoire de ce projet : Atomic Ed. Eh bien il fait appel à la nostalgie du genre des années 80-90 : Braindead, Evil Dead, Robocop… tous ses films qui ont marqué ma jeunesse au fer rouge et influencé mes goûts. Je me rappelle comment je prenais le caméscope de mon père pour tourner des films d’horreur dans le jardin familial ! (rires) Atomic Ed est un peu la suite logique de ça. J’avais même réalisé il y a quelques années un court-métrage appelé Game of the Dead (visible en fin d'article, NDLR), donc même si je ne tourne pas toujours des trucs aussi « fun », je m’estime heureux de travailler dans l’audiovisuel quand même. Comment s’est monté ce projet ? D’un point de vue financier et logistique ? On a réuni un peu plus de 9000€ sur le site Ulule.com, c’était le premier palier qu’on s’était fixé. On a demandé ensuite 12000€ mais on a été un peu gourmands (rires) ! Après la campagne Ulule a été bien préparé, avec beaucoup de vidéos, d’images, de supports... On n’a pas eu d’autres sources de financement, Canal+ a lu le projet avec attention mais n’a pas souhaité entrer en pré-achat. Parle-nous de cette belle affiche. Alors elle a une histoire et a connu plein d’étapes ! C’est drôle qu’un site d’affiches me contacte pour en parler d’ailleurs (rires). En fait on avait déjà le visuel qui, à la base, était conçu pour un précédent projet ; un long métrage « Atomic Ed », qui était à l’époque une sorte de « teen movie » très à l’américaine. Faute de budget on n’a pas pu le concrétiser et en plus je n’avais même pas mon comédien ! C’est en fait une photo de mon beau-frère ! Donc maintenant, on a un hybride avec le corps de mon beauf et la tête du vrai comédien (rires). Après pour la typo très marquée années 80 c’est un ami graphiste, Maxime Affanni qui l’a créée. Il s’est inspiré des films d’horreur d’avant mais aussi des jeux vidéo, des bornes d’arcades tout ça... Ambiance Atoic Ed © lacasquette.fr Avec toutes ces références « cinéma américain », où se situe la French Touch ? C’est vrai que j’assume les références à Carpenter notamment, mais aussi aux jeux vidéo du style Final fight, avec les loubards qui traînent dans des villes aux murs tagués. Après, la « French Touch » se ressentira sûrement dans l’esthétique puisqu’on tourne dans un mois, en novembre. On a prévu une semaine pour ça, et une durée finale de vingt minutes. L’affiche que tu peux contempler pendant des heures ? Sans hésiter celle du Robocop de Verhoeven. As-tu déjà vu un film grâce à son affiche ? Eh oui tous les films d’horreur que j’ai cités ! (rires) Bad Taste avec cet alien qui fait un doigt, Elmer le remue-méninges aussi, et puis tous les Freddy avec ce style aérographe de Laurent Melki. La ou les affiches qui t’ont marquées récemment ? Hmm (il réfléchit)… Je dirais Fury Road et Baby Driver. Et le film ? J’ai vu Le serpent aux mille coupures d’Eric Valette avec Tomer Sisley. Un pur polar à la française avec le côté rural et tout... j’ai beaucoup aimé.


Mathieu Lesueur (producteur)

Mathieu Lesueur

Bonjour Mathieu. On voit toujours les producteurs crédités aux génériques des films. Mais qui sont-ils en réalité ? On pense souvent que le producteur est un type en costard aux poches bourrées de billets, qui connaît du beau monde. Dans mon cas, c’est faux. Je pense que nous sommes là pour accompagner les auteurs, les aider à extraire les histoires et les images qu’ils ont dans la tête pour les porter à l’écran. Sur Atomic Ed, je suis présent depuis la genèse du projet. Avec Nicolas et son scénariste, Cyril Delouche, on échange depuis le début. On avance ensemble dans le processus créatif de l’œuvre. Gabriel Napora, (un producteur canadien à découvrir ici), nous a confié un jour que le plus difficile est toujours l’argent dans son travail. Tu confirmes cette opinion ? C’est le nerf de la guerre, sans argent pas de film. Honnêtement, un film est toujours compliqué à financer. On consacre des années à porter un projet et parfois on doit l’abandonner, faute de financement, c’est le jeu, tout le monde en est conscient. Quels sont les plus grands postes de dépenses sur un film, généralement ? Sur ce film, on essaie de mettre le paquet sur les effets spéciaux « live » ainsi que la décoration. L’univers visuel d’Atomic Ed doit être très singulier. Mais en général, dans un film bien financé, les postes de dépenses les plus élevés sont ceux des artistes et techniciens. Concernant Atomic Ed, comment vas-tu gérer un budget de 9000€, et surtout est-ce suffisant pour obtenir le résultat souhaité par le réalisateur ? Clairement, ce budget est insuffisant pour produire Atomic Ed, dans de bonnes conditions. Néanmoins, un jeune producteur, Nicolas Liberman de Studio 313, s’est joint à nous pour soutenir le film et je me suis, à titre personnel, ainsi que La Casquette Productions, engagé financièrement sur le projet. Ça reste serré, mais tous les gens impliqués sur le film font preuve d’une remarquable inventivité et abnégation dans leur travail. Pour ne citer qu’eux, les cascadeurs bossent comme des dingues sur la chorégraphie des combats depuis des semaines. Le rendu sera à la hauteur des demandes de Nicolas. Et ce grâce à toutes les personnes engagées dans le projet. Sur ce type de court-métrage ayant recours au « crowdfunding », quel est le type de retour sur investissement d’attendu ? Pour les 181 contributeurs, il y a le film en DVD plus les bonus, des goodies, une avant-première... On implique les internautes dans la fabrication du film, dans une aventure collective, je pense que c’est le principal intérêt. Quel intérêt pour un producteur de mettre un projet sur une plateforme de Crowdfunding si ce sont les internautes qui financent ? En plus de trouver des financements, c’est un outil de communication très intéressant. Il permet d’impliquer les internautes et de constituer une « fan-base », une communauté, dès les premiers pas du projet. Cela crée de l’engouement et une attente autour du film, comme on le constate sur la page Facebook qui est alimentée très régulièrement. Les films de « genre » en France (horreur, action, fantastique etc.) sont-ils condamnés au financement participatif et au "système D" en quelque sorte ? Je ne crois pas. Il y a eu quelques récents succès – je pense notamment à Grave (Julia Ducournau, 2017) – qui nous donnent confiance en l’avenir de ce type de films. De plus, de nouveaux acteurs du cinéma et de la TV viennent chambouler le marché. Je pense que les diffuseurs et les distributeurs attendent des films nouveaux, avec une « French-Touch ». À nous de proposer les bons. Enfin, l’affiche que tu peux admirer pendant des heures sans te lasser ? Dur de trancher... Alien, de Ridley Scott, pour cette phrase : « In space no one can hear you scream »


> Plus d'infos sur le site de lacasquette.fr

Le court-métrage Game of the Dead (2009)