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Pseudonym

Thierry Sebban, 2016

Premier long métrage de Thierry Sebban. Repéré en 2003 par Claude Berri grâce à son court intitulé « Soyons attentifs », il se lance à présent dans un sujet difficile : le « dark web ». Le film peut agacer ou faire sourire par moment, un peu à l'instar d'Hostel (Eli Roth, 2005) où des riches pervers torturent pour le plaisir de simples innocents. Heureusement son rythme, sa musique et les questions qu'ils soulèvent ne laissent pas indifférent.


Le pitch

« Alex », cadre parisien semblable aux autres c'est-à-dire divorcé, amateur de bon vin et de cuisine tout équipée, accepte un rencard virtuel avec Nina, histoire de pimenter un peu ses lasagnes. Il va apprendre à ses dépends que sur Internet tout est trop beau pour être vrai et que Paris est devenu le terrain de chasse de la racaille des Balkans. Un film anti-Skype ? Pro CNIL ? Non, un bon prétexte pour les belles affiches de publier un article spécial film virtuel. L'affiche virtuelle Pseudonym © Jeff Maunoury pour EuropaCorp, © La Petite Reine, Diabolo Films

Une des versions alternatives de Pseudonym ressemble fortement à l'officielle de Ne le dis à personne de Guillaume Canet. Les filtres Photoshop d'abord : isohélie + mode de fusion Produit. Mais ça n'explique pas tout. On retrouve la « proie » en train de courir à sa perte pris au piège dans une silhouette énorme, ou comment se jeter dans la gueule du loup. Dominante rouge et noir dramatique et typo grunge inquiétante nous rappellent qu'il ne faut jamais se fier aux apparences. Justement on y viendra plus tard. Relation virtuelle Pseudonym © Warner Bros © La Petite Reine & Diabolo Films

On aurait tort de limiter Demolition Man (Marco Brambilla, 1993) et Pseudonym à deux simples films de genre destinés à nous coller la migraine. Ils ouvrent beaucoup de portes concernant les rapports intimes et l'évolution des mœurs dans des sociétés individualistes (personne ne vient en aide à Alex durant son calvaire). A l'heure où des centaines de sites nous proposent de baiser sans bouger du bureau, où la NSA connaît votre site porno préféré et le fisc peut scanner votre LDD sans prévenir, Stallone nous lançait un avertissement 23 ans auparavant. Relation à distance d'accord, mais au moins avec le partenaire en face. Apparence virtuelle Pseudonym © DreamWorks SKG © La Petite Reine & Diabolo Films

Nous y revoilà. Les joueurs de poker le savent bien : pour cacher ses émotions il faut masquer le regard, c'est pour ça que beaucoup d'entre eux portent des lunettes noires en plein casino. L'affiche officielle de Pseudonym avec ses bandes granuleuses de webcam barre une partie du visage. Même chose chez le Minority Report de Spielberg (mais surtout de Philip K. Dick). Le mieux quand vous avez des troubles de la personnalité c'est d'éteindre le mac et de courir chez le psy au risque de plonger dans la schizophrénie suicidaire. Le gang des barbares

Dix ans déjà après l'affaire Ilan Halimi. C'est l'idée de départ de Thierry Sebban. Un jeune sans histoire kidnappé puis torturé à mort par une bande de voyous afin de soutirer une somme d'argent aux parents. Au côté bassement vénal s'ajoute le sadisme gratuit. La séquestration et les actes de tortures sont donc présents. La femme-appât aussi. Mais le réalisateur pousse d'avantage le curseur et pose la question existentielle de la sécurité sur Internet, de fait incontrôlable. Les utilisateurs aguerris que nous sommes s'accommodent plus ou moins des fameuses « conditions générales d'utilisation » et autres « formulaires d'inscription » car le web est aussi un superbe outil de communication. On veille à notre « e-réputation » sans accepter n'importe qui n'importe comment. On n'est pas obligé de laisser son numéro de carte ou de transférer de l'argent au bénéfice d'un inconnu. Logiquement les plus jeunes, forcément plus vulnérables, doivent être encadrés par les plus grands mais la bonne nouvelle c'est quand lisant cet article vous ne risquez rien.