logo les belles affiches

Les belles affiches > interview > Dan Bronchinson

Dan Bronchinson


Un nouveau cinéma de genre est en train d'accoucher dans la douleur. Arnaud Montebourg sera content c'est du 100% made in France. Le duo Herbulot-Bronchinson filme dans la rue et à hauteur d'homme les coulisses de la drogue parisienne avec une photo crue et un montage "cut" à la Gordon Ramsay, eh oui parce que la came c'est comme la cuisine : un bon dosage des ingrédients pour un plaisir maximum... mais éphémère. Pour Dealer la réussite tient avant tout à la foi inébranlable d'un mec qui a connu le milieu et s'est saigné aux quatre veines pour financer son film : Dan Bronchinson. L'homme n'est pourtant pas issu de la "famille" cinéma alors comment ose-t-il débarquer avec des affiches aussi belles pour réussir son deal ? Les belles affiches lui ont demandé directement.

Retrouvez Dealer dans notre dossier spécial film français 2.0 en cliquant ici

Lire l'interview du réalisateur Jean-Luc Herbulot


Portrait de Dan Bronchinson

Salut Dan. Raconte-nous rapidement la génèse de Dealer. Pourquoi et comment ce projet a-t-il pu voir le jour ? Tout remonte lorsque je suis parti en vacances avec Jean-Luc Herbulot le réalisateur. On avait déjà réalisé quelques projets ensemble dans lesquels j'interprétais le même personnage pour ses pubs. Je me suis demandé comment monter quelquechose sur ma vie et en discutant ensemble ça a fonctionné, on a "matché" rapidement. Il a co-écrit le scénario avec Samy Baaroun, il y a eu une première version puis pas mal de corrections pour aboutir au script final. Le film parle du trafic de drogue à Paris. Tu a vécu ce milieu j'imagine ? Bien sûr ! J'ai fait pas mal de conneries, je viens de la banlieue parisienne, le "93", alors je vendais tout ça... J'ai vécu plein de choses, j'ai eu une vie riche, tu vois j'ai quarante ans et déjà l'impression d'avoir eu quarante vie ! A l'aperçu de la bande annonce et en lisant le synopsis, on pense à Ken Loach, à Danny Boyle ou même au Scorsese des débuts... Oui c'est des termes qui reviennent et que j'entends souvent. Après je dirais que c'est plus l'inspiration de Jean-Luc et son univers visuel qui amènent tout ça, comme la veste rouge "CCCP" par exemple, pour marquer le personnage. Après j'ai pas vraiment de références cinéma, je suis issu d'un milieu ouvrier, on n'allait pas voir de film chez nous... Maintenant j'habite à 250 bornes de Paris à la campagne, je passe des heures dans la voiture et j'ai pas le temps d'aller au cinéma. Les affiches de Dealer © Julien Lemoine - Agence Rysk D'un certain côté ça rappelle Gérard Depardieu issu d'un milieu ouvrier de Châteauroux et qui n'avait pas lu un seul livre avant de monter à Paris... Comme quoi ça veut rien dire ! Mais pourquoi avoir fait ce choix justement ? Pourquoi quitter Paris où tout se fait niveau cinéma ? Pour fuir les conneries. J'avais besoin de me mettre au vert, de me retirer un peu... Alors comment décrirais-tu ce milieu justement ? Plutôt drôle et cynique à la Trainspotting, ou totalement sombre comme Requiem for a Dream ? Ben... le milieu de la drogue c'est pas marrant ! C'est très dur, c'est sombre, c'est pas cinématographique du tout. Après l'humour il peut venir de l'écriture mais c'est vraiment pas marrant. Tu es producteur et acteur principal dans le film. C'est pas trop dur de mélanger l'aspect financier et artistique finalement ? Ah oui c'est très dur. On a tourné vite et je devais parfois prendre des décisions de production au clap ! Je suis devenu producteur en faisant le film en fin de compte. J'ai investi 200 000€ et j'ai encore des dettes, sans parler de tous les frais de communication ! Cet argent tu l'as trouvé où ? Les banques ? Les studios ? Je n'ai reçu aucune aide donc j'ai minimisé les coûts au maximum. J'ai fait le tour de la famille, des amis... c'est de l'entraide quoi! Si j'étais parti sur un prêt ou une subvention du CNC j'aurais eu des obligations, des échéances et le film aurait connu des problèmes, des trucs qu'on n'aurait pas pu faire... On a pu tourner librement comme on le voulait. Parle-moi un peu du réalisateur, Jean-Luc Herbulot. Il vient du clip surtout, pas mal de rap. Il a réalisé quelques court-métrages auparavant, notamment "Concurrence Loyale" et "Stabat matter". Suite à Dealer il a réalisé deux épisodes de Falco et s’apprête à réaliser "Döner", son second long-métrage. Parlons des affiches du film ! Tu peux dire un mot sur le designer ? Le graphiste travaille souvent dans l'ombre mais son travail tout le monde en profite ! Eh oui c'est vrai. Il s'appelle Julien Lemoine et on est passé par l'agence dans laquelle il travaille, l'agence RYSK (lire l'interview). Il en existe plusieurs versions. Laquelle tu préfères ? Celles où on voit ma gueule parce que c'est quand même moi qui ait tout payé !(rires) La distribution du film se déroule comment actuellement ? Pas mal de système D! On est quand même présent dans plus de 71 pays sur les plateformes VOD : Itunes, GooglePlay, Orange, TF1, Netflix et Amazon, à partir du premier novembre. En attendant, on est sur "Vimeo on demand" (cliquez ici) J'imagine que Dealer a été projeté en salle ou dans des festivals. Quelles ont été les premières réactions du public ? Oui on a eu plusieurs projections. Au début on l'a montré dans notre milieu et les échos ont été positifs. Après on a eu une projo à Cannes en mai 2014 puis au PanAfricain où j'ai obtenu la Mention Spéciale pour mon interprétation et le film a eu le Prix Spécial du Jury. Au festival de Grenoble on a obtenu le Prix du Public. Ensuite on l'a diffusé au FanTasia Festival de Montréal, en Angleterre pour Raindance, en Allemagne, en Belgique pour le BIFFF Festival, en Afrique du Sud et en France donc à Grenoble, Lyon et Paris pour l'Etrange Festival. C'est peut-être une manière de commencer une nouvelle vie pour toi ? Oui mais avec 200 000€ de dettes c'est assez dur ! (rires) Mais oui pourquoi pas une nouvelle vie... J'espère! Et tes projets ? Suivre la distribution de Dealer. Sinon j'ai un film sur Guillaume le Conquérant qu'on a tourné à Caen de manière indépendante. Il s'appelle "Guillaume, la jeunesse du conquérant". Il y a trois acteurs qui l'incarnent à dix, vingt et quarante ans. Moi je l'incarne à quarante pour l'assaut final contre l'Angleterre (bataille d'Hastings en 1066, suite à quoi il sera couronné roi, NDLR)


Retrouvez Dealer sur Vimeo On Demand ici : dealermovie