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Making of d'une affiche de film

par David "Diez Dedos" Bonenfant pour les belles affiches

Le récent long métrage Night Fare de Julien Seri (Yamakasi, Scorpion, Les fils du vent) avec son taxi-tueur a obtenu le prix du Meilleur Film au festival de Denver, Colorado, et a été sélectionné dans de nombreux autres festivals tout aussi prestigieux comme le Frightfest de Londres ou le Bucheon en Corée du Sud. Son directeur artistique, le parisien David "Diez Dedos" Bonenfant, a accepté de nous révéler ses différentes étapes de création sur l'affiche utilisée lors du festival de Cannes ainsi que celle du court-métrage Lapsus de Karim Ouaret (62 récompenses dans le sac).

Night Fare

Le travail du designer respecte la photo d'origine et à la manière d'un graphiste des années 80, David Bonenfant n'apporte que peu de retouches à l'ensemble : colorimétrie, contrastes, quelques effets spéciaux comme la vapeur ou le halo lumineux du phare de la voiture. Trouver l'identité d'un film c'est difficile. Un logo, un slogan, un titre vont déterminer l'idée que transporte le film puisque c'est la première chose que va lire le public. L'idée ici est d'utiliser un compteur à cristaux liquide très répandu dans les taxis du monde entier. Il faut donc réunir les plus d'images possibles afin de trouver la police adéquat et décliner le concept sous forme d'ébauches préliminaires dans Photoshop. Le billing block c'est l'ADN du film, on y concentre l'équipe technique, artistique, les sponsors et logos des partenaires. C'est un élément graphique indispensable de l'affiche qui doit être cohérent avec le reste de la composition. En l'occurence celui du film Blade avec Wesley Snipes (Stephen Norrington, 1998) servira de base pour le film de Julien Seri grâce à ses dominantes rouges et noires très codifiées "film de genre". La recherche d'une police d'écriture en relation avec le fond et la forme est très délicate. En effet elle doit s'adapter visuellement au film car elle représentera à travers le monde et pour toujours son identité, son marqueur. Reprenant l'esprit compteur digital, Diez recherche des typo similaires. C'est important de coller à l'esprit du logo du studio de production car il devra s'intégrer au billing block et donc à la typo choisie par le designer.

Lapsus

Pour cette brillante affiche où l'on sent toute l'importance d'une direction artistique le but était de respecter l'esprit "comic book" du film : laverie automatique, hémoglobine, cocaïne, truands et femme fatale. C'est d'autant plus vrai que le héros est victime de ce fameux "lapsus" en lisant sa BD. L'aspect film noir doit être présent puisqu'on est dans un pur polar qui n'est pas sans rappeler ce bon vieux Raymond Chandler et ses années 50. Voici une photo ayant servi de modèle pour le visuel final : Il faut maintenant définir l'identité du film. Comme vu précédement la typo joue un rôle crucial. Puisqu'on est dans une laverie pourquoi ne pas utiliser les étiquettes des revers de vêtements ? Les traceurs sont respectés : bordure cousue, police style machine à écrire et pictogrammes sur les conseils d'entretien seront détournés pour les besoins du générique. Le paquet détourné "Tido", en fait "Tide" une vraie marque de lessive américaine, a beaucoup inspiré David Bonenfant. Il y a un côté cartoon rétro-moderne avec une dynamique de la diagonale, des couleurs vives et la cible rappelant un hublot de machine à laver. Les films de genre et autres "comic strip" venus des Etats-Unis inspirent énormément les jeunes réalisateurs français actuels. Visuellement ils rendent hommage à leurs nombreuses références. Lapsus est un carton mondial. Il cumule 62 récompenses pour plus d'une centaine de sélections. La moindre des choses est d'en tenir compte sur l'affiche, c'est aussi pertinent d'un point de vue marketing. Grâce à un peu d'imagination on peut adapter le visuel en rajoutant des textures et en jouant sur les différents modes de fusion : Plus d'infos sur le travail de #Diez en visitant Behance