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Bruce Lee

par Mohamed Abbad - @fxlandthe5


Au commencement

Ces onomatopées sont, sans aucun doute les premières à sortir de ma bouche d'enfant. Je me revois tout jeune avec mon pyjama rayé sautant à pieds joints sur la table de chevet de mon salon, m'imaginant en train d'affronter tout le quartier. Soudain un terrible « à table !! » retentissait et mon rêve prenait fin. Le fameux « cri » de Bruce Lee était comme un réflexe natif précédant les combats, sa signature. Cependant il était plus que ça. Une force féline, un charisme, de l'intelligence, de la clairvoyance. Mais commençons par le début. Le petit « Lee Jun Fan » voit le jour dans le Chinatown de San Francisco pendant une tournée de son père, artiste et chanteur d'opéra de Canton. Signe prémonitoire : c'est l'année du Dragon à l'heure du Dragon, le 27 novembre 1940. La famille retourne aussitôt à Honk Kong, où le jeune garçon baigne dans l'art du jeu d'acteur. Il possède déjà une présence scénique fascinante et du charisme à en revendre. Niveau arts martiaux, il s'initie en premier lieu au Tai Chi Chuan, mais cette discipline n'arrive pas à canaliser son hyperactivité et son dynamisme. Il se tourne alors vers le Wing Chun, dont le Maître incontesté du genre est Yip Man. Mais suite à quelques soucis avec les autorités locales et à ses fréquentations, les parents de Bruce décident de l'expatrier soudainement au pays de l'oncle Sam. L'Occident Le voici à 18 ans avec seulement 100 dollars en poche devant ce sommet tant fantasmé qu'est le rêve américain. Après quelques petits boulots de serveur, il entame des études de philosophie occidentale à l'université de Washington, ce qui lui apporta l'empathie, la sagesse et un équilibre avec la rencontre de sa future épouse Linda Emery qui lui donnera par la suite deux enfants, Brandon et Shannon. Pour subvenir aux besoins de sa famille, il commença par donner des cours de Kung Fu Wing Chun, et ouvrit par conséquent sa propre école. Ce qui ne plaira guère à la communauté chinoise conservatrice de cette époque concernant l'art martial, stipulant que cet art ancestral ne devait être enseigné qu'aux chinois. Bruce Lee rejetant le conformisme et ne fuyant devant aucun défi, accepta les conditions suivantes : affronter le Maître Wong Jack Man. En cas de défaite, Bruce devra fermer définitivement son école et arrêter l'enseignement du Kung Fu. Le style Sorti vainqueur de son combat, il décide de se lancer corps et âme à la conception d'un nouveau style d'art martial. Bruce attachait autant d'importance au corps qu'à l'esprit, il créa alors le Jet Kun Do (la voix du point qui intercepte). Le style est plus épuré, plus direct, plus vivace, un subtil mélange entre l'occident et l'orient. On y trouve du Kung Fu Wing Chun, de la boxe anglaise, de la lutte, de l'escrime et du Kali, un art martial philippin. Son adage : « absorbe ce qui est utile, rejette ce qui ne l'est pas et ajoute ce qui t'es propre » résume bien la philosophie de Bruce Lee à cette époque : aller à l'essentiel lors d'un combat, car l'efficacité est le mot-clef de sa discipline. Le style de Bruce Lee © jeetkunedoconcept.fr Les plateaux Impressionnant de grâce en raison de ses qualités de danseur, de vitesse et de force, ses nombreux talents explosent à la face du monde en cette période bouillonnante des 60s. C'est la télé qui va lui rendre hommage en premier. Suite à sa fameuse démonstration de Long Beach le 2 août 1964, où il exécute ses pompes à deux doigts et son coup de poing sans recul, William Dozier, futur producteur de Batman en 1966, lui accorde un rendez-vous. Débutera alors une série de prestations lumineuses du « Petit Dragon » : le personnage de Kato dans The Green Hornet, puis dans l'épisode Tagged for Murder de la série Ironside, ou encore dans Marlow où il incarne le rôle de Winslow Wong. De simples passages ou des seconds rôles certes, mais plus marquants les uns que les autres. Incontestablement, Bruce Lee crève l'écran par son charisme. Coup d'arrêt Son rythme est intense : sept jours sur sept il avale 4 à 10km de footing, de musculation, de boxe et d'entraînement sur son légendaire mannequin de bois qu'il nommait « Bodhidharma ». Lors d'un exercice sans échauffement il se blesse au dos, lésions au quatrième nerf sacré, les médecins lui recommandent l'immobilité et l'arrêt de ses activités physiques. Il restera alité plusieurs jours. Pour occuper cette période frustrante, il se documentera et étudiera la théologie, le monothéisme, l'histoire, les mythes fondateurs et se rapprochera de penseurs comme Jiddu Krishnamurti qui l'influencera par la suite. Une rencontre décisive Après le succès phénoménal de The Green Hornet en Asie et de la déception liée au climat xénophobe des Etats-Unis, Bruce Lee décide de repartir à Hong Kong et sentir son ambiance. Sur place il confirme son statut d'icône, de star. Il rencontre alors l'incontournable Raymond Chow, alors directeur des studios Golden Harvest et ex-communicant des Shaw Brothers (voir dossier). Producteur infatigable, il voit en Bruce Lee la pépite tant convoitée. Il parviendra à le convaincre que tourner des films en Asie serait la meilleure solution pour rebooster sa carrière. Le succès Raymond fait signer Bruce pour un premier film intitulé The Big Boss (Wei Lo, 1971) et tourné en Thaïlande. Le style hongkongais reste toujours présent mais Lee illumine par sa présence. Il tourne juste après Fist of Fury (Jing wu men, Wei Lo, 1972) où cette fois-ci il est également co-producteur. Carton plein. Pour son troisième film il souhaite prendre totalement les commandes. Sort alors sur les écrans The Way of the Dragon (Meng long guo jiang, Bruce Lee, 1972). Un véritable chef d'oeuvre chorégraphique : le fameux style de Bruce Lee, ou plutôt le "non style" éclate au grand jour face à l'américain Chuck Norris. La beauté, la grâce, la vitesse et le charisme de Bruce Lee éclaboussent la pellicule. Conséquence du succès, la Warner décide de l'engager pour son film le plus cosmopolite car Bruce Lee a toujours souhaité briser les clichés concernant le peuple chinois, polluants la conscience collective de l'occidental moyen, ainsi que des grands studios Hollywoodiens de l'époque. Il y parviendra avec son film Enter the Dragon réalisé par Robert Clouse en 1973, une production sino-américaine avec John Saxon et la première apparition de Jacky Chan. Le choc Très perfectionniste mais épuisé (4 films en 13 mois), Bruce s'impatiente en attendant la sortie d'Opération Dragon. Du coup il reprend le tournage de Game of Death (Le jeu de la mort, Robert Clouse, 1978) sans doute son film le plus personnel, où son style s'impose aux autres. Lors du tournage le 10 mai 1973 il s'écroule, rapidement conduit pour des examens neurologiques. On lui recommande un traitement cérébral. Le 20 juillet 1973 il doit rencontrer Raymond Chow afin de boucler le casting du Jeu de la Mort. Il s'arrête en chemin chez l'actrice Betty Ting Pei pour lui proposer un rôle. Pris de migraine, il demande à s'allonger au calme et prend un analgésique. Il ne se réveillera plus jamais, malgré toutes les tentatives de réanimation. Il décède d'un oedème cérébral selon le diagnostic des médecins, en raison de son hypersensibilité aux analgésiques. A 11H30 Raymond Chow qui attendait avec Linda Emery à l'entrée de l'hôpital Queen Elizabeth annonce son décès à la presse. C'est un choc énorme pour les fans, le peuple de Hong Kong et le monde. Bruce est mort mais sa légende est née. La légende Sa disparition brutale laisse orphelins des millions de gens, un personnage aussi charismatique et puissant ne pouvait disparaître aussi soudainement. Les rumeurs vont bon train, on accuse la mafia de Honk Kong, les disputes avec son producteur, la malédiction du « Dragon » sur la famille Lee. son fils Brandon disparu lors du tournage de The Crow (voir dossier) en 1993, dans des circonstances aussi tragiques et mystérieuses que le script du Jeu de la mort lui-même. Bruce Lee, laisse néanmoins un héritage immense et colossal à travers la planète. Aucun être au cinéma n'avait alors pu incarner aussi bien, la grâce, la beauté, la force et l'intégrité, il restera à tout jamais une source d'inspiration pour de gens comme Tarantino qui lui rend hommage avec Kill Bill et le fameux jogging jaune que Bruce Lee portait pour son confort et éviter ainsi une combinaison traditionnelle. 40 ans plus tard, Bruce Lee reste une effigie pour les arts martiaux et le cinéma. Il demeurera éternellement le « Petit Dragon ». L'affiche culte L'affiche de Enter the Dragon Cette affiche reste marquante, une illustration en quinconce très symbolique des 70's, on y aperçoit notamment Jim Kelly avec son style « Cool Blaxploitation » ainsi que Bruce Lee et son nunchaku. Un contrebas fourmillant de détails avec des inserts convaincants. Une colorimétrie maîtrisée, une dominante chaleureuse et pour encadrer le tout un « pattern »très stylé. A noter le détail amusant de «la petite illustration flat icon de Bruce Lee » descendant en rappel, histoire de recadrer le tout avec la phrase d'accroche et la typo de titrage. Celle-ci reste très couleur rouge, couleur symbolique en Chine. Grasse et sans empattements. En prêtant un peu plus d'attention, on voit que le « Petit Dragon » partage l'affiche avec les autres acteurs du film, sans doute une volonté de la production Sino-Américaine. Mais Bruce Lee a toujours souhaité que son style n'ait pas de barrière ethnique et soit connu de tous. Cela fonctionne bien avec la composition de l'affiche.