Les grands films ratés

En foot les aficionados connaissent bien le principe du « loser magnifique ». Cette équipe de star players qui encaisse un but à la dernière minute, une finale de coupe du monde qui s’achève sur un coup de boule ou un penalty décisif qui passe au-dessus. Au cinéma c’est pareil. O.K. mais c’est quoi des « grands films ratés » ? Eh bien des films au potentiel énorme avec tous les ingrédients pour se régaler et au final qu’est-ce-qu’on a ? Une quatrième place sur le podium. Une frustration pour le public qui s’attendait à un toast au caviar et n’obtient que des œufs de lump. En gros, on a les boules. Mais il reste quand même ce petit goût de « reviens-y » qui fait que le film se laisse revoir. Et comme le chantent Bigflo & Oli : « On s’est tous dit ah c’est dommage ! Ah c’est dommage !… C’est p’t’êt’ la dernière fois…« 

Place au rêve dans ce dossier spécial sur les plus beaux échecs du 7ème art. Ou le meilleur des plus grands films ratés de l’Histoire humaine.



1941

Steven Spielberg, 1979

États-Unis

John Belushi, John Candy, Dan Aykroyd, Christopher Lee, Nancy Allen, Mickey Rourke

Salade californienne

Qu’est-ce-qu’on attendait ? En 1979, Steven ne porte pas encore la barbe mais a déjà réalisé Duel, Sugarland Express, Les dents de la Mer et Rencontre du 3ème type. Touche-à-tout génial il décide de se lancer dans la comédie-patriotique-potache avec un casting en surpoids. Les fans s’impatientent avec le sourire.

La preuve accablante : Il y a John Candy au générique.

Qu’est-ce-qu’on a eu ? Comme quoi ça arrive même au meilleur. Un coup de mou sans doute. Burn-out peut-être… C’est pas très drôle, surjoué, lourdingue (normal vu le « cast ») et presque digne d’un Jean-Marie Poiré (relire le très délectable dossier sur les criminels du 7e art). Heureusement Steven retrouve son cerveau deux ans plus tard pour Les Aventuriers de l’Arche Perdue. Allez, on oublie !

affiche 1941

Dune

David Lynch, 1984

États-Unis, Mexique

Kyle MacLachlan, Sting, Sean Young, Virginia Madsen, Max Von Sydow, Jürgen Prochnow

Science-Fiction avortée

Qu’est-ce-qu’on attendait ? D’après Einstein et sa théorie de la relativité générale, l’Univers en expansion doit commencer par un Big Bang. Dans le Milieu, on appelle ça « Dune » de Frank Herbert. C’est David Lynch et sa liste de récompenses pléthoriques pour Elephant Man qui est mandaté. Du coup on pissait littéralement de joie. Même à l’autre bout de la Galaxie.

La preuve accablante : Les studios ne financent pas le projet parce que Jodorowsky est un psychopathe. Du coup ils envoient le dossier aux Empereurs du Nanard à échelle cosmique : la famille De Laurentiis.

Qu’est-ce-qu’on a eu ? Certes dans les années 80, les effets spéciaux « SFX/CGI » ne sont pas aussi évolués que maintenant. C’est le règne de l’Amiga et du festival Imagina (Ah, Starfighter !). Ce n’est pas une excuse mais tant pis, David s’en fout royalement. Il lit le livre un peu trop vite et tourne une adaptation boiteuse et kitch à mourir. Hormis quelques plans géniaux venus d’Arrakis, la musique de Toto et une affiche indémodable, ce film est une rencontre avec le vide intersidéral. Et la version de Villeneuve ? Vu le casting et les problèmes de rythme récurrents du Monsieur, on a des doutes.


Les beaux livres à lire

Parce qu’on aime bien lire des fois, on propose des contenus pour le plaisir


Taram et le chaudron magique

Ted Berman, Richard Rich, 1985

États-Unis

John Huston, John Hurt

Dessin animé précurseur

Qu’est-ce-qu’on attendait ? Disney décide de s’attaquer à l’Heroic Fantasy plus « dark » que d’habitude. Au départ un classique du genre : Les Chroniques de Prydain, de Loyd Chudley Alexander et la meilleure équipe d’animateurs de l’époque dont un certain Tim Burton.

La preuve accablante : Disney n’a pas retenu le travail de Tim Burton.

Qu’est-ce-qu’on a eu ? Malgré les techniques du Animation Photo Transfer et du Computer Animation, alors quasi-inédites, malgré le charisme du sorcier et la beauté graphique de l’ensemble, la mayonnaise ne monte pas. Les scénaristes ont oublié un truc, l’huile, le vinaigre ou les chansons on ne sait pas trop. Il reste ce goût d’inachevé et de… ah c’est dommage !

affiche taram chaudron magique

Le 13ème guerrier

john MacTiernan, 1999

États-Unis

Antonio Banderas, Omar Sharif, Vladimir Kulich, Dennis Storhøi

Aventures avortées

Qu’est-ce-qu’on attendait ? Un film couillu et viril. Un hommage à Michael Crichton, auteur visionnaire et cérébral, expert dans un genre qu’il a contribué à créer : le thriller scientifique. On relira avec délectation le topissime « Next », parfait pour comprendre les enjeux pharmaceutiques du Covid, ou le surprenant « Turbulences », manipulations médiatico-industrielles sur fond de crash aérien. Et son 13e guerrier ? Un « coup » littéraire génial qui raconte la vraie-fausse-vraie aventure de Ahmed Ibn Fadlan avec ses colloques vikings contre les tribus néolithiques du Xe siècle.

La preuve accablante : MacTiernan et Crichton… « ce drakkar est trop petit pour nous deux.« 

Qu’est-ce-qu’on a eu ? Des frictions entre John, la prod’ et Michael sur fond de projections tests décevantes. Deux visions qui s’opposent. Vexé, John s’en va réaliser le remake de L’affaire Thomas Crown, bien à l’aise sur le yacht de Pierce Brosnan. Michael repart dans la brume et retourne des scènes, change de compositeur et modifie le montage final. Résultat ? Un gros :  » Aaah c’est dommage !! « 

affiche 13e guerrier

Jeanne d’Arc

Luc Besson, 1999

France, République Tchèque

Mila Jovovich, John Malkovich, Dustin Hoffman, Faye Dunaway, Desmond Harrington

Un peu historique, vite fait quoi

Qu’est-ce-qu’on attendait ? Un film de Luc Besson. Mais mieux que le précédent parce que le têtu gaulois s’attaquait à un monument de l’Histoire de France.

La preuve accablante : Luc a produit Taxi d’abord.

Qu’est-ce-qu’on a eu ? Un film de Luc Besson. Eh non, le miracle n’aura pas lieu. C’est ce qu’on s’est tous dit à la sortie : « Ah c’est dommage ! C’est p’t’êt’ la dernière fois ? « . En fait non. Ce n’était pas la dernière fois que Luc nous faisait tourner en bourrique. Après avoir imposé sa nouvelle copine dans le rôle-titre, il virait Kathryn Bigelow du tournage et se perdait dans une embrouille juridique avec ces diables de Yankees. Du coup, un film mou du bide avec des couilles atrophiées. Il reste les somptueuses affiches de Laurent Luffroy avec le flou dynamique.

affiche jeanne d'arc les belles affiches

Un dossier spécial « bad ending movies »…

… ou le meilleur des films nihilistes avec des fins qui tachent. Eh oui, tout n’est pas rose dans la vie.


Blueberry, l’expérience secrète

Jan Kounen, 2004

France, Mexique, Angleterre

Vincent Cassel, Juliette & Geoffrey Lewis, Michael Madsen, Djimon Hounsou

Western involontaire

Qu’est-ce-qu’on attendait ? La meilleure BD jamais produite sur l’Ouest américain est franco-belge. Charlier et Giraud 1963. Normal qu’un fan radical comme Kounen s’attaque à l’adaptation. Au menu : six scénaristes, huit sociétés de production, trois pays impliqués, les potes de Mac Guff dans les starting-blocks et une attente insupportable pour des millions de fans.

La preuve accablante : Vincent Cassel dans le rôle de Mike Blueberry. Un acteur « bien né » mais surtout surestimé. La faute à une voix nasillarde et un manque évident d’implication.

Qu’est-ce-qu’on a eu ? Aucun suivi du scénario à cause de la scripte-stagiaire perdue à Roissy-Charles de Gaulle. Une post-synchro inaudible digne d’Or Noir de Jean-Jacques Annaud. Une équipe anglo-hispano-francophone qui ne se comprend plus. Un délire mystico-chamano-tribal hors-sujet. Mais dans ce dérapage artistique et financier total, Jan trouve sa Voie. Celle de Carlos Castaneda et de Don Juan. Le réa’ du « Dob » (relire l’interview de Patrick Tanguy, le créateur de l’affiche culte) va enchaîner sur les sublimes D’autres Mondes (2004), puis Mère Océan (2016), puis Ayahuasca (2019), seuls documentaires capables de visualiser les effets psychotropes du jardin botanique. Comme quoi, tout le monde a droit a une seconde chance.

affiche bluenberry les belles affiches

Alexandre

Oliver Stone, 2004

États-Unis, France, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Angleterre

Colin Farrell, Angelina Jolie, Jared Leto, Val Kilmer, Anthony Hopkins

Aventure en mini-jupe pour hommes

Qu’est-ce-qu’on attendait ? Eh ben les conquêtes du plus grand Général de l’Histoire vues par Oliver Stone, un mastodonte oscarisé dès son premier film.

La preuve accablante : La perruque blonde de Colin Farrell qui parle avec l’accent irlandais dans la Grèce Antique

Qu’est-ce-qu’on a eu ? Neuf boîtes de prod’, trois scénaristes et six pays embarqués dans le désert de Mésopotamie. On survole plusieurs événements historiques sans vraiment rentrer dedans. Fait inhabituel pour Olivier : son montage manque de rythme. Il n’y a même pas une seule affiche à la hauteur du personnage. La vallée de l’Indus était trop difficile à franchir.

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I, Robots

Alex Proyas, 2004

États-Unis

Will Smith, Alan Tudyk, Bridget Moynahan

Hommage raté à Isaac Asimov

Qu’est-ce-qu’on attendait ? La meilleure adaptation d’Asimov par un fan extrémiste.

La preuve accablante : En mode crevard, Will Smith mange toute l’affiche.

Qu’est-ce-qu’on a eu ? Un film de studio sans grand intérêt. Alex Proyas et Isaac Asimov sacrifiés pour quelques dollars de plus (relire le dossier spécial sur l »homme de la Sombre Cité). Un « action pack » vaguement efficace, vite oublié, vite vu, vite fait. Un goût amer pour le surdoué Proyas qui en gardera à vie une rancune tenace contre les Majors. Et le Grand Isaac qui attend toujours SON adaptation-totem.

affiche i, robots les belles affiches


Kingdom of Heaven

Ridley Scott, 2005

États-Unis, Allemagne, Angleterre

Orlando Bloom, Liam Neeson, Ghassan Massoud, Eva Green, Jeremy Irons

Reconstitution vaguement historique

Qu’est-ce-qu’on attendait ? Un film de Ridley Scott mais avec une bonne histoire, donc un bon roman derrière. Problème, il n’y a pas de roman derrière.

La preuve accablante : Ridley était persuadé qu’un forgeron avec deux moines et trois paysans pouvaient tenir tête à l’armée de Saladin.

Qu’est-ce-qu’on a eu ? Un film de Ridley Scott sans le bon roman derrière. Les habituelles incohérences historiques quand les anglais tentent de ré-écrire l’Histoire. Une pas belle affiche avec trop de fondus dégueulasses. Du coup, l’éternel projet sur les croisades cherche toujours un repreneur. Et vous savez quoi ? Il y a plein de bons romans sur le sujet.

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Sucker Punch

Zack Snyder, 2011

États-Unis

Abbie Cornish, Emily Browning, Jena Malone, Vanessa Hudgens

Trailer de jeu vidéo

Qu’est-ce-qu’on attendait ? Après L’armée des morts et 300 on attendait aussi bien, voire mieux. Du souffle, de l’énergie, de la violence au service d’une histoire en béton armé.

La preuve accablante : le logo du film en forme de tatouage, trop beau pour être vrai.

Qu’est-ce-qu’on a eu ? Une affiche à tomber par terre. Un casting féministe et une B.O. que tout le monde a intégré dans sa Playlist Deezer. Un look « steampunk » et un rythme dingue. Alors où est le problème !? En fait il n’y a aucun scénario. On matte un clip MTV d’1h50 avec des acteurs perdus au milieu. Un sacré coup bas !

affiche sucker punch les belles affiches

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