80’s revival

Ninja Eliminator : un pur hommage au bis qu’on aime bien

Teaser !

« Lorsqu’il n’y a plus de place en enfer, les morts redescendent sur terre », autrement dit quand tout va mal dehors, mieux vaut rester chez soi faire la cuisine ou se rappeler au bon souvenir de notre jeunesse. Ninja Eliminator 4: The French Connection c’est un peu notre madeleine de Proust à nous : un goût qui renvoie plusieurs années en arrière. Mais avant tout, il convient de rappeler que le « french ninja 4 » est issu de la franchise québecoise Roadkill Superstar. Le collectif canadien a bouleversé l’horizon des ciné-geek avec son « Bagman » en 2004, puis enchaîne les courts-métrages et se forge une réputation qui va lui permettre de passer au long-métrage en 2015. Ce sera Turbo Kid, hommage à l’Atomic College de Loyd Kaufman, avec en guest-star Michael Ironside lui-même et son sourcil-circonflexe. Serial Killer sanglant, univers post-apocalo en toc et humour troisième degré sont autant d’éléments repris par nos frenchies. De Canada il sera encore question avec le prochain opus de Trevor Cornish écrit par le bûcheron Jordan Mc Closkey (cliquez ici si vous l’osez) avec leur « Ghostpuncher » et son histoire de maison hantée digne de Fantômes contre Fantômes.

Les films de Mathieu Berthon à savoir Le réserviste (2013) et l’actuel « Ninja » sont une déclaration d’amour à une longue liste de films issus des années 80. Le premier qui s’impose c’est certainement Bad Taste suivi du délicieux Meet The Feebles (Peter Jackson, 1987, 1989). Avec une caméra-épaule typique des amateurs passionnés, les bruitages potaches, les grimaces, le gore, les effets spéciaux de fortune et une énorme dose de système D, le néo-zélandais ouvre une brèche dans laquelle vont s’engouffrer presque vingt-huit ans plus tard une bande de cinéphiles bis décomplexés. Bref, tout ça pour dire qu’on croyait le genre enseveli dans une fosse à purin, mais le gore outrancier fait son grand retour sur les écrans et envahit le Web des deux côtés de l’Atlantique.

Action !

Cinéma, foot, bouffe, musique, affiches, femmes, les italiens sont surpuissants. Mais le génie d’Enzo Castellari a certainement le mieux réussi à concentrer la pulpe des années 80 en quelques secondes dans son archiculte Les guerriers du Bronx : doublages à côté de la plaque, gueules d’ouvriers en grève, tatanes ringardes et dialogues outranciers. Coppola peut se rhabiller : on a trouvé mieux que l’huile d’olive de Sicile.

Gore, humour, OK, mais sans une bonne scène de baston avec bras cassés et prises d’aïkido pas de bons films ! Tout le monde connaît Bruce Lee et Chuck Norris, mais rappelez-vous la scène chez le boucher dans Nico (Andrew Davis, 1988) ou la bijouterie de Désigné pour mourir (Dwight H. Little, 1990), Steven Seagal catapultait alors un genre moribond et élitiste dans la cour du lycée. Sans le savoir, Steven participait en France à l’explosion des ventes de VHS et une augmentation du chiffre d’affaire de la Fédération Française de Karaté.

Mais Steven le bouddhiste est avant tout le roi de la jaquette et accessoirement l’ex-poule aux œufs d’or des frères Warner. Ce mec est un génie. La preuve il aime Jimmy Cliff et pousse la chansonnette sur des albums country. On attend de pied ferme son come-back dans Expendables 7 et La revanche de Nico. Pour l’instant on s’emmerde autant que lui sur la TNT. Fort heureusement, Mathieu Berthon n’est pas le seul français à ranimer la flamme qui est en nous, en 2004 les frères Didier et Thierry Poiraud nous gratifiaient de l’improbable mais jouissif Atomik Circus, le retour de James Bataille avec un casting à défriser la baronne de Rothschild. Douze ans déjà…

Affiches et baston !

Le cinéma n’est pas le seul support à s’offrir une deuxième jeunesse. Les jeux vidéos font partie intégrante des années 80-90. Mais si rappelez-vous ! Les potes débarquaient dans votre chambre vers 14h et s’emparaient des manettes. Le but c’était de se payer sur console les beat’em all des arcades du moment : Street of Rage, Final Fight ou encore l’immortel Street Fighter. Eh bien dans Mother Russia Bleeds on a un peu tout ça.

L’éditeur Devolver Digital s’est fait un nom grâce à son Hotline Miami qui proposait de revivre ses premiers frissons d’ados mais avec du gore typique du XXIème siècle. Le mélange monte à la tête du quatuor français qui développe pour PC et PS4 la version soviético-trash du Street of Rage de Sega. Du sang, oui, mais aussi un scénario prétexte à tous les débordements jouissifs recherchés par les gamers du monde entier : armes à feu, couteaux, coups de latte, arène de la mort, chaines à clou, hectolitre de sang, zombies etc… du 20/20 en perspective.

Quant aux affiches, eh bien c’était du lourd. Aujourd’hui encore elle décorent nos murs d’ados. Au-delà du simple bout de papier c’est l’appartenance à un clan, une signature. Quand les potes entraient dans la chambre il fallait marquer son territoire, alors entre les affiches d’Aerosmith et de Pearl Jam on collait des tableaux de maîtres réalisés à l’acrylique et au pinceau sur une base croquis-papier. Aujourd’hui des artistes comme Drew Struzan ou Tyler Stout perpétuent cette tradition.

A cette époque Internet n’existait pas, alors l’affiche était un véritable support de communication auquel les distributeurs attachaient beaucoup d’importance. Il fallait donc mettre le paquet sur le visuel pour séduire le public, les artistes avaient carte blanche et le pinceau frénétique. Le bouquiniste du coin vous les vendait pour une somme modique, elles sentaient le papier journal et le renfermé. Juste en face, le vidéo club crasseux avec son parquet pourri vous louait des séries Z sur classeur tellement son stock débordait.

Musique !

De Riz Ortolani à John Carpenter en passant par l’Outrun de Kavinsky la musique est l’autre héros du film. Synthétiseur et guitare électrique vibrent en même temps que la tronçonneuse du tueur.

Les italiens reviennent à la charge. Instigateurs du genre, le groupe de rock progressif The Goblin signe la musique de leur pote Dario Argento sur Suspiria et Profondo Rosso en 1975 et 1977 avec des riffs et un clavier sortis de l’enfer de Dante. Le grand et gros George Romero les appelle même à la rescousse sur la version Européenne de son Zombie « Dawn of the Dead » en 1980. Et puis comme rien ne dure le groupe se « clashe » avec Dario et tout s’arrête. Aujourd’hui reformé sous deux entités différentes, la tournée des vieux Goblin ressemble au spectacle de Stars 80 avec Patrick Timsit et Richard Anconina mais sans les danseuses.

Quant à « Riz », il commence sa carrière en 1955. Il se fait connaître avec le célèbre Cannibal Holocaust de son compatriote Ruggero Deodato en 1980. Le point d’orgue de sa prolixe carrière aux onze récompenses dont un Golden Globe pour The Yellow Rolls-Royce d’Anthony Asquith en 1964, est atteint lorsque Tarantino l’engage pour le score de trois de ses films : Inglorious Basterds, Kill Bill vol.I et Django Unchained. Le danois Winding Refn l’embauche à son tour et « Riz » bosse sur la BO du night runner « Drive » en 2011.

« Big John » Carpenter aussi aime le clavier. La guitare électrique bien sûr il aime aussi, surtout lorsqu’il la partage avec ses potes de Coupe DeVilles, mais attention au massacre ! Rappelez-vous le clip monstrueux sur Jack Burton dans les griffes du Mandarin ! Comme Clint Eastwood, John Carpenter signe la BO de tous ses films et comme Clint Eastwood, John Carpenter aime les westerns. Heureusement des jeunes talents comme le parisien Vincent « Kavinsky » Belorgey avec son Electroclash nous ramènent quelques années en arrière mais les Converse bien plantées en 2016. Ecouter son album Outrun c’est comme boire un sérum de jouvence avec des Ray-Ban, lumineux comme un tableau de bord mais sombre comme une soirée VHS.

Peinture !

Affiche Gangsterdam de l’agence Rysk – Affiches Laurent Melki

Illustrateur old school à l’image de son site web, Laurent Melki est pourtant diplômé de la célèbre école ESAG Penninghen de Paris. Après les italiens, les américains et les turcs, les français se trouvent enfin un affichiste à la hauteur, dont les meilleures agences de création s’inspirent encore aujourd’hui (relire l’interview de Claire Safronoff) Les années 80 avec leurs vidéo clubs remplis de VHS et de films d’horreur fournissent à Melki une source d’inspiration divine. Pas loin de deux cent jaquettes pour une vingtaine d’affiches de films dont les collections Fil à Film avec Belmondo et les désormais collectors Creepshow ou Cauchemar de Freddy. Chez Laurent aussi ça sent bon le pot de peinture et le renfermé. A l’instar d’un Drew Struzan ou d’un Jean Mascii, Melki dessine un croquis, puis monte ses valeurs des plus claires aux plus foncées avant de peindre à l’acrylique par-dessus. Le principe d’une illustration c’est qu’elle crée un lien directe avec le public. L’artiste vient chatouiller la fibre sensible sans ordinateur ni effets spéciaux, rien qu’avec une feuille et un crayon. C’est pour ça que les amateurs d’affiches « à l’ancienne » sont aussi des amoureux de BD et donc de bon cinéma.

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Un collectif passionné par les affiches de films

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